Colère paysanne...
On voit sur les tracteurs ce slogan affiché : « On vous nourrit ! »
Mais qui nourrit qui, et de quoi ?
Chacun·e connait les méfaits de l’agriculture conventionnelle sur les sols, sur celles et ceux qui les exploitent (Fédération Nationale des Syndicats des EXPLOITANTS Agricoles) et sur la santé des consommateurs.
Les tribunes et prises de parole se sont multipliées lors de cette énième explosion de colère et la conscience grandit que ce modèle ne nourrit finalement bien que les bénéfices des multinationales qui transforment les produits de la terre.
Mais, peut-être, « On vous nourrit » décorait l’engin d’un paysan ou d’une paysanne qui nourrit vraiment les habitant·es de son territoire ? Parce qu’il ou elle travaillerait avec, par exemple,... une AMAP ?
Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne, c’est le nom de groupements de consommateurs et de producteurs qui s’engagent. Les unes à acheter une partie d’une production paysanne, les autres à la distribuer sous forme de paniers, chaque semaine le plus souvent.
Evidemment, les amapien.nes ne viennent pas seulement se procurer des produits de grande qualité à des prix très convenables. Les contraintes de cette sorte de circuit court (horaires, contenu des paniers, aléas climatiques, soutien aux producteurs et productrices...) sont suffisamment fortes pour devoir s’accompagner de convictions tout aussi solides.
Les réseaux AMAP, au niveau régional et national ont travaillé ces dernières années la notion d’engagement « doublement solidaire » (avec les paysans ET avec les personnes qui n’ont aujourd’hui pas encore accès une alimentation durable et choisie), ouvrant ainsi de nouvelles perspectives en tant que levier de transition agroécologique, alimentaire et démocratique.
Notre petite AMAP de village (12 paniers hebdomadaires) a pu ainsi établir avec le CCAS un partenariat qui permet à deux familles du village de bénéficier d’un panier solidaire pour 25% de son prix ordinaire.
Au-delà de ce niveau très local, l’engagement en AMAP s’appuie sur un projet politique global comportant notamment un axe fort : « Influencer, avec d’autres, les politiques publiques »
C’est dans ce cadre, et avec cette légitimité, que j’ai pu participer à la construction et à la mise en œuvre du PAT (Projet Alimentaire Territorial) d’Alès Agglomération.
Les PAT fédèrent les différents acteurs d'un territoire autour de la question de l'alimentation, contribuant ainsi à la prise en compte des dimensions sociales, environnementales, économiques et de santé de ce territoire.
Les deux élues d’Alès Agglomération qui ont été missionnées pour ce projet ont conduit une démarche participative qui a permis de ne pas résumer l’ensemble à un vaste plan de communication comme c’est trop souvent le cas (et comme cela l’a été sur le même territoire pour un autre dispositif de même nature, le Plan Climat Air Energie du Territoire).
Un collectif associatif (auquel l’AMAP a participé activement) s’est très vite constitué pour porter une vision écologique et solidaire de ce processus et notamment un projet de remise en culture de la plaine maraîchère historique au sud d’Alès. L’étude de faisabilité confiée à une étudiante d’Agro ParisTech en spécialisation à Montpellier devrait être financée au prochain budget.
J’ai assuré, toujours au titre de l’AMAP, le co-pilotage d’un autre groupe, dédié à la création de jardins collectifs : il s’agit de former, accompagner les élus et les structures dans leurs projets, avec des orientations claires en ce qui concerne les pratiques culturales, la gouvernance et la fonction sociale de ces petits bouts de terre si bien analysés par Damien Deville, à Alès justement. Pour lui, « les jardins participent à l’émancipation globale des individus. » (Damien Deville La société jardinière, Le Pommier, 2023)
Ces engagements suscitent de nombreux échanges et rencontres : autant d’occasions de mobiliser la réflexion construite au sein de l’ICE. Les distributions hebdomadaires de l’AMAP elles-mêmes se transforment parfois en une sorte d’Agora, car même si les amapien·es partagent beaucoup de convictions, les échanges d’informations et d’analyses sont toujours riches. Et une discussion sur les mérites des différentes variétés de salades dérive souvent sur la biodiversité ou la menace climatique.
Ce sera également le cas lors d’une journée « Nature et vivant : Mangeons bon, jardinons bien » organisée conjointement par l’AMAP et la municipalité de mon village qui s’adressera en particulier aux jardiniers que sont la plupart des habitants, avec le même souci de faire réfléchir et apprendre sur nos pratiques, ce qu’elles disent du monde tel qu’il est et sur le monde que nous voulons.
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